Seguiteci su Telegram https://t.me/Nuovaresistenza on Telegram
28 March 2024
0 7 minuti 5 anni

Si le parti de gauche peut se targuer d’avoir mené des réformes sociales en plus des douloureuses mesures imposées par les créanciers du pays, il a déçu ceux qui espéraient être protégés de la rigueur. Dimanche, les législatives ont consacré le retour de la droite.

Chemise blanche et rose rouge à la main, Aléxis Tsípras s’est présenté dimanche matin tout sourire pour voter dans une école du quartier populaire athénien de Kypséli, où le Premier ministre grec habite encore, ayant toujours refusé de déménager sous les ors de la République après la victoire historique de son parti, il y a quatre ans. Mais comme il semble loin ce jour de janvier 2015 où Syriza, avec plus de 35 % des voix, offrait pour la première fois le pouvoir à la gauche grecque. Quatre ans plus tard, la défaite de Tsípras aux législatives de dimanche laisse un goût amer.

Jusqu’au dernier moment, le plus jeune chef de gouvernement que la Grèce ait connu – il aura bientôt 45 ans – a tenté de mobiliser les électeurs de gauche en leur faisant miroiter la possibilité d’une anatropi, un renversement des sondages qui, depuis plusieurs semaines, donnaient gagnant son rival de la droite, le leader de Nouvelle Démocratie, Kyriákos Mitsotákis. «Nous votons dimanche pour notre vie», a martelé Syriza pendant la campagne, agitant le spectre d’une nouvelle régression sociale en cas de retour des conservateurs au pouvoir.

Hystérie

Mais Tsípras n’a-t-il pas lui aussi, à bien des égards, mené une politique de droite ? Elu sur la promesse de mettre fin à l’austérité en 2015, il perd six mois plus tard la bataille contre les créanciers du pays, qui ne lui feront aucun cadeau. Voilà Syriza contraint d’appliquer à son tour une austérité encore plus sévère, assortie d’un nouveau «plan de sauvetage». Un nouveau prêt qui, loin de sauver la Grèce, a surtout enrichi créanciers et actionnaires : les obligations sur la dette grecque offrant la meilleure performance de la zone euro cette année avec 23 % de rendement. Quand à l’endettement du pays, il se maintient à 180 % du PIB. Reste qu’à force de sacrifices, la Grèce a fini par sortir officiellement en août 2018 de l’enchaînement des «plans de sauvetage». Tout en restant sous la surveillance étroite des créanciers, qui ont de facto placé le pays sous tutelle jusqu’en 2060.

En août 2018, Tsípras avait brandi la sortie des plans de sauvetage comme une victoire historique, se vantant de surcroît de présenter un excédent budgétaire primaire record de 3,5 %, bien au-delà des exigences des créanciers du pays, l’Union européenne, le FMI et la Banque centrale européenne. «Tsípras triomphait mais les Grecs, eux, n’ont pas compris : pourquoi être allés au-delà des exigences des créanciers, alors que ce “surplus” a été obtenu au prix d’une taxation excessive des classes moyennes, aujourd’hui encore plus étouffées qu’avant l’arrivée de la gauche au pouvoir ?» constate l’analyste politique Georges Seferzis.

Syriza s’est pourtant efforcé de protéger les droits sociaux des plus vulnérables, alors que 35 % des Grecs vivent toujours sous le seuil de pauvreté. Mais ce sont les classes moyennes qui ont payé l’addition, alors que «l’absence de grandes manifestations sociales, comme c’était le cas sous le précédent gouvernement de droite, a totalement aveuglé Syriza, qui n’a pas vu monter ce front de la colère», note également Seferzis. La défaite cinglante du parti de Tsípras aux élections européennes et locales, fin mai, a donc conduit aux élections anticipées de dimanche. Le tout dans un contexte d’hystérie anti-Tsípras, orchestrée par la droite et les médias privés, face à des électeurs avant tout fatalistes.

Panache

Pourtant, Syriza a mené des réformes importantes permettant un certain assainissement des dépenses publiques, ouvrant enfin la possibilité de naturalisation aux innombrables enfants d’immigrés jusque-là apatrides. Sans oublier la hausse du salaire minimum à 650 euros. Ou encore l’accord historique conclu en juin avec le voisin du nord, désormais officiellement nommé «Macédoine du Nord». Un accord qui a déchaîné les foudres de Nouvelle Démocratie. Les révélations du magazine grec Documento sur le double jeu des conservateurs grecs, qui dès 2005 étaient prêts à brader totalement le nom si sensible de «Macédoine», n’y ont rien changé. Le vent avait déjà tourné.

«Je suis certainement le seul dirigeant grec a ne pas m’être enrichi et dont le parti n’est impliqué dans aucun scandale de corruption», avait pourtant rappelé Tsípras mardi, lors d’un entretien télévisé sur la chaîne privée Skaï où il s’est défendu avec un panache impressionnant face à deux journalistes ouvertement acquis à Kyriákos Mitsotákis. Lequel a refusé pour sa part de débattre publiquement avec lui. Tsípras avait promis qu’un nouveau mandat lui permettrait de mener enfin les réformes sociales qui soulageraient les classes moyennes. Visiblement trop tard. En pratiquant une politique libérale, sous la contrainte des créanciers, la gauche grecque a subi le sort réservé à une partie de la social-démocratie européenne qui emprunte la même voie : au risque de décourager des électeurs qui ne croient plus aux lendemains qui chantent.

Maria Malagardis

Sorgente: (1) Syriza battu, la Grèce tourne la page Tsípras – Libération

Please follow and like us:
0
fb-share-icon0
Tweet 20
Pin Share20

Enjoy this blog? Please spread the word :)

RSS
Follow by Email
Facebook0
YouTube20
YouTube
Seguiteci su Telegram https://t.me/NuovaresistenzaBot