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La fonte des glaciers continentaux n’a cessé de s’accélérer depuis les années 60, contribuant à la hausse du niveau de la mer de près d’un millimètre par an.

Moins connus que leurs homologues des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, les glaciers continentaux – comme la Mer de glace alpine – couvrent environ 706 000 km2 de la surface du globe, pour un volume total estimé à 170 000 km3. Répartis de l’Afrique à l’Alaska, en passant par l’Islande ou la Nouvelle-Zélande, eux aussi sont en grand danger à cause du changement climatique. Selon une étude publiée le 8 avril dans Nature, et se penchant sur les dix-neuf régions les plus englacées du globe, ces glaciers continentaux ont perdu une masse considérable depuis les années 60. Les quinze auteurs ont recensé plusieurs travaux antérieurs et se sont appuyés sur des photos aériennes et satellites réalisées entre 1961 et 2016 sur 19 130 glaciers (échantillon dit «géodésique»), combinées à des carottages et autres mesures de terrains sur 450 sites (échantillon «glaciologique»). A titre de comparaison, on estime qu’il existe environ 20 000 glaciers sur la planète.

Une fonte supérieure à celle des glaciers polaires

Les chercheurs écrivent notamment que les glaciers ont perdu une masse équivalent à 9 600 milliards de tonnes (Gt) de glace au cours des cinquante dernières années, 8 300 si on exclut le Groenland et l’Antarctique. Parmi les glaciers continentaux, les Andes, l’Alaska, le Canada, les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Arctique russe et l’Europe centrale ont payé le plus lourd tribut. Pour ces mêmes glaciers, le phénomène n’a par ailleurs cessé de s’accélérer, particulièrement entre 2006 et 2016, jusqu’à atteindre 335 Gt de glace perdues chaque année. C’est davantage que la fonte du Groenland (280 Gt par an) et que l’Antarctique (252 Gt). D’après Emmanuel Thibert, un des auteurs de l’étude interrogé par nos confrères de Franceinfo, cette fonte annuelle correspond «à peu près l’équivalent du stock de glace qu’on a dans les Alpes».

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La situation n’a rien pour rassurer. «Malgré l’incertitude statistique, nos conclusions suggèrent que la perte de masse des glaciers pourrait être plus importante que celle précédemment rapportée», soulignent les auteurs en introduction de leur exposé. Une seule des zones étudiées a légèrement gagné en masse de glace depuis 1961 : l’Asie du Sud-Ouest. Mais les changements de masse ont été négatifs dans toutes les régions si on considère seulement la décennie la plus récente, de 2006 à 2016. «Sur dix-neuf régions, neuf ont perdu entre 0,5 % et 3 % de leur volume total de glace par an», résume encore le rapport. Sur cette période, ce sont les glaciers d’Amérique du Sud qui ont le plus fondu, suivi de ceux du Caucase et d’Europe centrale. C’est en périphérie de l’Arctique et en Asie du Sud-Ouest que les pertes ont été le moins importante.

Conséquence directe de ce phénomène, l’eau de fonte de ces glaciers se déverse dans l’océan, contribuant à la hausse du niveau des eaux à raison de près de 0,9 millimètres par an, soit 28 % de la hausse totale. Le reste est dû à la fonte des pôles et à la dilatation thermique. Le potentiel de fonte des glaciers continentaux actuels pourrait, selon l’étude, encore représenter l’équivalent d’une élévation du niveau de la mer de 0,4 mètre. «Les taux de perte de masse actuels indiquent que les glaciers pourraient presque disparaître dans certaines chaînes de montagnes au cours de ce siècle, tandis que les régions densément gaciérisées contribueront encore à la montée du niveau de la mer après 2100», précise l’article scientifique.

Aurélie Delmas

Sorgente: Les glaciers continentaux fondent encore plus vite que ceux des pôles – Libération


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