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25 April 2024
0 5 minuti 4 anni

Vingt-huit manifestants ont été condamnés à des peines de prison ferme pour avoir défilé avec l’étendard amazigh.

Le verdict a été rendu dans la nuit de lundi à mardi, au tribunal de Sidi Mhamed, dans le centre d’Alger : un an de prison, dont six mois avec sursis. Il vise 22 manifestants du Hirak – le mouvement de protestation populaire qui secoue l’Algérie depuis huit mois – condamnés pour avoir défilé en portant l’anay aqbayli, le drapeau berbère frappé d’un symbole amazigh. Une «atteinte à l’intégrité du territoire national», ont estimé les juges algériens. Pour le même motif, six autres personnes ont été condamnées mardi matin à six mois de prison ferme.

«Dérive autoritaire»

Certains accusés étaient détenus depuis le 21 juin. Deux jours plus tôt, le général Gaïd Salah, chef de l’état-major et homme le plus puissant du pays depuis la démission de son vieux frère d’armes Abdelaziz Bouteflika, avait sonné la charge : «L’Algérie n’a qu’un seul drapeau pour lequel sont morts des millions de martyrs. Elle n’a qu’un seul emblème qui représente sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale et populaire. Il a ainsi été procédé à des instructions et des ordres aux forces de sécurité pour l’application ferme et précise des lois en vigueur et de contrer tous ceux qui tenteraient à nouveau de toucher aux sentiments des Algériens dans cette question sensible.»

La consigne a été immédiatement appliquée par la police. Elle vient également de l’être par les juges. Aucune loi spécifique n’interdit pourtant de faire flotter un drapeau berbère en Algérie, ont rappelé les avocats de la défense, d’autant que la Constitution précise dans son préambule que «l’amazighité» est une «composante fondamentale de l’identité algérienne» au même titre que «l’islam» et «l’arabité». «Le verdict est l’expression d’une dérive autoritaire, à contresens du droit, de la volonté d’émancipation des juges, et de l’histoire, dénonce Abdelmoumene Khelil, secrétaire général de la Ligue algérienne des droits de l’homme. Il y a une volonté de remettre en cause une expression culturelle et un acquis identitaire arraché par le peuple algérien après de longues luttes.»

«Provocation pour la Kabylie»

Depuis l’indépendance du pays, le pouvoir n’a cessé d’associer le militantisme des berbérophones, notamment celui des Kabyles, à une forme de menace sécessionniste. Les opposants historiques du Front des forces socialiste (FFS) puis ceux du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), taxés de «berbéristes», ont été longtemps dépeints par les autorités centrales comme une bande d’agitateurs régionalistes. Leur combat pour la démocratie, ancien, fut réprimé sans pitié, comme lors du printemps berbère de 1980 et du printemps noir de 2001. «Ce verdict est une nouvelle provocation pour la Kabylie, région traditionnellement frondeuse, estime Aissa Rahmoune, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’homme. Nous ne sommes même pas surpris : depuis l’indépendance, la justice a toujours été un instrument par lequel le régime bâillonne les voix discordantes.»

Un mois, jour pour jour, avant la date du scrutin présidentiel voulu par Gaïd Salah, cette série de condamnations ressemble aussi à un avertissement à destination des contestataires de toute l’Algérie. «A l’approche de cette élection, toujours rejetée majoritairement par le peuple, les manifestations du vendredi vont sûrement prendre de l’ampleur», prévient Aissa Rahmoune. Pour la 38semaine consécutive, ce mardi, les étudiants ont défilé dans les rues de la capitale et des grandes villes du pays. «Justice indépendante», ont-ils scandé, sous la pluie, en passant à côté du tribunal de Sidi Mhamed.

Célian Macé

Sorgente: (1) En Algérie, six mois de prison pour un drapeau – Libération

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