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Les partisans d’une forêt plus diverse et moins industrielle se réunissent cette semaine pour les deuxièmes Assises de la forêt.

Les 23 et 24 octobre se tiendront les deuxièmes Assises nationales de la forêt dans le Val d’Oise, la première édition ayant eu lieu en 2015. Ces deux jours de discussions et d’ateliers réunissant experts, associations et professionnels, seront suivis d’une réunion publique à Paris le 25 octobre puis d’une marche dans la forêt de Fontainebleau le 26. Les participants vont évoquer la situation des forêts françaises et leur avenir, afin de transmettre leurs conclusions à la commission d’enquête citoyenne sur les forêts lancée au mois de septembre par plusieurs parlementaires. Régis Lindeperg, porte-parole du collectif organisateur SOS Forêt, explique à Libé le but de cette semaine de mobilisation.

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Pourquoi organiser des Assises de la forêt ?

Cela fait plusieurs années que l’on fait un constat assez inquiétant sur la forêt française : l’industrialisation est de plus en plus massive. L’idée des Assises est de rassembler des gens qui ont eu des réflexions sur ce sujet, qui ont porté des initiatives, des scientifiques… afin de déterminer ce qu’il faudrait modifier dans la loi pour améliorer la situation. On veut proposer une porte de sortie, ou une porte d’avenir. Une synthèse des débats sera donc proposée à la commission parlementaire qui a été mise en place récemment. Cette dernière pourra ensuite intégrer ces éléments dans ses réflexions et les traduire en texte législatif.

Par ailleurs, les Assises sont déclinées en trois niveaux avec une réunion publique et une marche car on part du principe que c’est bien d’avoir des spécialistes, des gens de terrain qui connaissent le sujet, des professionnels, mais c’est aussi bien d’avoir des citoyens. Réfléchir à la forêt, cela concerne tout le monde. Le niveau de débat s’est amélioré, mais pour la majorité de la population, il n’y a pas de débat sur la forêt, alors qu’en fait il y a vraiment deux mondes qui s’affrontent. Nous sommes un peu les «bio» de la forêt face à l’agriculture intensive, sauf que personne ne le sait.

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Quel état des lieux dressez-vous de la forêt française ?

Cette forêt a commencé à s’«enrésiner» [présence plus importante de résineux, ndlr] avec des techniques de monocultures après la guerre. Mais il y a une forte accélération depuis les années 90 et notamment les dix dernières années, avec des machines de plus en plus grosses et des techniques de sylviculture qui posent les mêmes problèmes que ceux qui ont été posés par l’agriculture intensive sur la qualité des sols, de l’eau et de la biodiversité. Pourtant, d’autres techniques permettent de gérer la forêt de manière beaucoup plus douce, en maintenant la biodiversité, en gardant le carbone dans le sol, les systèmes de filtration, etc. On peut faire bien, tout en continuant à prélever du bois. Au sein de SOS Forêt, on a des professionnels, des experts forestiers, des syndicats de l’ONF, on a bien conscience que le bois est nécessaire à la société.

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Aujourd’hui, cette industrialisation est pilotée par le gouvernement, sous la coupe de la filière industrielle. Dans la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt (Laaf) de 2014, l’objectif est de mettre en place des incitations financières, notamment des subventions, pour mobiliser plus de bois.

Les problématiques et les solutions sont un peu différentes entre les forêts privées et les forêts publiques, mais le constat est là : l’industrialisation est en marche. Cela fait une quinzaine d’années que l’Etat essaie également de «rentabiliser» la forêt publique et certaines pratiques ne sont pas bonnes. Dans le privé, on trouve des situations excellentes et d’autres dramatiques où les arbres sont gérés comme des champs de maïs.

Comment la gestion de la forêt s’articule-t-elle avec les enjeux climatiques ?

Il y a un vrai enjeu sur la question du stockage du carbone. Dans les forêts industrielles, tous les arbres ont le même âge et la technique de la coupe rase et le dessouchage font que l’essentiel du carbone du sol est relâché dans l’atmosphère. C’est une erreur d’analyse. Au contraire, ce sont les forêts anciennes et diversifiées qui captent le plus de carbone justement parce que ce dernier est conservé dans le sol plus que dans l’arbre.

De plus, une forêt diversifiée avec des arbres de différentes tailles et de différentes essences sera moins sensible aux incendies et autres tempêtes. Autre enjeu sur la table aujourd’hui : comment on gère les forêts qui ont du mal à s’adapter au changement climatique ? Si certains préconisent de raser les forêts tant qu’elles ont de la valeur pour replanter des essences «adaptées» voire des arbres OGM, nous soutenons une alternative : laisser sa chance à la forêt. Même quand il y a des ravageurs, des grosses maladies etc., il reste des individus qui résistent et dont on peut récupérer les graines. En résumé, on peut soit utiliser la nature au mieux pour qu’elle nous aide, soit vouloir la maîtriser.

Aurélie Delmas

Sorgente: (1) «Cela fait une quinzaine d’années que l’Etat essaie de “rentabiliser” la forêt publique» – Libération

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