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25 April 2024
0 6 minuti 5 anni

Plusieurs associations organisent pendant deux jours des collectes et des distributions de cahiers ou stylos à des enfants de familles sans papiers, qui ne perçoivent pas d’allocation de rentrée scolaire. Une question de «dignité et de fierté.»

C’est Sopio qui joue la traductrice. A 11 ans, cette petite Géorgienne connaît les listes de fournitures scolaires sur le bout des doigts. Elle maîtrise les tailles de cahiers, les couleurs des intercalaires, le jargon du matériel de maths. Il y a deux jours, Sopio est venue chercher ses propres affaires à cette distribution de fournitures scolaires. Cette fois, elle aide Alina et ses deux enfants, Mariam et Georgi. «Pour le collège, ils ont besoin de classeurs, d’un grand cahier, d’un compas, d’une équerre, énumère-t-elle. Il y a plein de choses qui manquent.» La famille sait déjà qu’elle ne pourra pas repartir avec tous les éléments de la liste.

Sur deux jours au centre-ville de Nice, le Parti communiste français, l’association Tous citoyens, le Secours populaire et Réseau éducation sans frontières organisent des collectes puis des distributions de kits de base. Devant la porte du local, des enfants et leurs parents, demandeurs d’asile ou sans-papiers, attendent. Leur statut fait qu’ils ne perçoivent pas d’allocation de rentrée scolaire. «Les enseignants fournissent des listes assez copieuses : sept crayons de couleur, sept stylos, tant de cahiers, tant de feuilles. Mais dans les classes, certains enfants n’ont rien, pointe Jean-Marie Langoureau, secrétaire départemental du PCF 06. Il y a là un problème de dignité et de fierté.»

Nice, le 7 septembre 2019, Siège du parti communiste, Distribution de materiel scolaire aux sans papiers et demandeurs d'asile  -  Une famille vient de récupérer du materiel scolaire

Alina et ses enfants font le tour du local. «On ne regarde pas la liste, ce n’est pas possible, prévient une bénévole. Ce dont vous avez le plus besoin se trouve dans des sacs sur la table.» Sopio traduit. Elle attrape deux kits. «On a fait la rentrée seulement avec nos sacs à dos et quelques affaires, racontent les copines Mariam et Sopio. C’est important d’avoir du bon matériel pour apprendre, pour bien faire ses devoirs et pour ne pas avoir à s’excuser à chaque fois.» Mariam est scolarisée en sixième et a besoin d’un dictionnaire. Son frère Georgi a craqué sur une trousse bleue. C’est hors kit. Ils repartiront tout de même avec.

«Donner les mêmes moyens matériels» à tous les enfants

A l’extérieur, 80 familles attendent leur tour avec un système de tickets. En deux jours, 370 lots ont été donnés à 135 familles. «On part du principe que l’éducation est gratuite et que tout enfant doit pouvoir y avoir accès, expose le responsable de Tous citoyens, David Nakache. Dès le premier jour de classe, on retrouve une différence. Ces enfants sont toujours ceux qui n’ont rien. Ils sont déclassés en classe à chaque fois que la maîtresse demande de sortir du matériel. Il faut donner les mêmes moyens matériels si on veut une égalité réelle.» Parmi les bénéficiaires ce samedi, Emil raconte qu’il a fait sa rentrée avec ses cahiers déjà crayonnés de l’an dernier, John qu’il trace les traits avec le bord d’un livre. «Oui les cahiers et les règles sont importantes. Mais l’école, c’est surtout l’intégration, la sociabilisation, la langue, dit Marie-Catherine Gassin du réseau RESF. Ces enfants ne peuvent pas en être exclus.» Alina doit aussi gérer la cantine de ses deux enfants, renouveler leurs habits et trouver un nouvel hébergement. «On est à l’hôtel mais le 10 septembre, c’est fini. Je ne sais pas où on ira, s’inquiète-t-elle. J’avais mis de l’argent de côté mais tout est épuisé. Les fournitures scolaires, ce n’est pas la priorité.»

Nice, le 7 septembre 2019, Siège du parti communiste, Distribution de materiel scolaire aux sans papiers et demandeurs d'asile - Sopio, Mariam et un camarade choisisent leur materiel scolaire à l'aide de Nadia, une bénévole de RESF

Plus personne n’attend devant la salle. A l’intérieur, le stock est presque écoulé. Seule une dizaine de kits pour les maternelles restent encore sur la table. Alors Mariam a une autre requête : mettre dans son cartable l’une des deux calculatrices qui restent. Demande acceptée. Sa copine Sopio repart avec la deuxième pour le service rendu à la traduction. Leur année de sixième peut recommencer.

Mathilde Frénois Correspondante à Nice. Photos Eleonora Strano pour Libération

Sorgente: A Nice, des fournitures scolaires pour des enfants sans papiers – Libération

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