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27 April 2024
0 6 minuti 5 anni

La démission du président du Parlement géorgien, intervenue ce vendredi, ne suffira pas à calmer l’indignation populaire grandissante qui s’exprime dans les rues de la capitale depuis jeudi. Les affrontements nocturnes ont déjà fait 240 blessés.

Tbilissi est en émoi. Pour la deuxième soirée consécutive, des manifestants se rassemblent par milliers autour du parlement géorgien, pour crier leur désaveu du pouvoir en place. Et ce malgré la démission vendredi dans la journée du président du Parlement, Irakli Kobakhidze. Ce départ était l’une des exigences formulées par l’opposition et les 10 000 manifestants réunis jeudi soir dans le centre de la capitale géorgienne, sur l’avenue Roustaveli, suite à l’intervention dans l’hémicycle du député russe Sergueï Gavrilov. Membre du Parti communiste russe, il était venu présider une réunion internationale sur la religion orthodoxe, s’était installé dans le fauteuil du speaker du Parlement et s’était adressé à l’assemblée en langue russe.

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«L’indignation populaire est énorme. Cette scène illustre l’influence grandissante de la Russie, pays qui met en danger notre souveraineté », explique Giorgi Kandelaki, député du parti d’opposition Géorgie européenne, contacté par téléphone. De nombreux Géorgiens considèrent le voisin russe comme une puissance occupante depuis qu’elle est intervenue sur le sol géorgien, en 2008, pour soutenir militairement les régions séparatistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, qui représentent 20% du territoire de la Géorgie. Après une guerre éclair de cinq jours qu’elle a gagnée, la Russie a laissé des troupes dans ces régions qu’elle s’est empressée de reconnaître comme «Etats indépendants». Gavrilov est connu pour avoir soutenu ces indépendances. «Nous avions prévenu le gouvernement il y a une semaine que la visite d’une telle délégation russe allait provoquer des remous. Gavrilov a une biographie douteuse, il n’aurait jamais dû être autorisé à entrer en Géorgie», précise Kandelaki. Selon l’opposition, Gavrilov a combattu coté abkhaze dans la guerre fratricide entre l’Abkhazie et la Géorgie en 1992-1993, ce que le député russe dément. Rentré en Russie après la suspension de la réunion, il s’est empressé de décrire les événements comme une «tentative de coup d’Etat et de prise de pouvoir par des groupes extrémistes» liés à l’ancien président en exil Mikheil Saakachvili, et coordonnés depuis l’Occident.

«La démission du président du Parlement aurait suffi avant les violences»

La manifestation de jeudi soir a tourné à l’émeute, quand la police a tiré sur la foule avec des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes. Selon les autorités, les affrontements nocturnes ont fait 240 blessés, dont 160 manifestants et 80 policiers. Les manifestants étaient prêts à se disperser au moment où la police a décidé de recourir à la force, considère le professeur de sciences politiques Tornike Sharashenidze, du Georgian Institute of Public Affairs. «La démission du président du Parlement aurait suffi avant les violences, mais désormais les manifestants et l’opposition vont aller jusqu’au bout et exiger que toutes leurs revendications soient satisfaites», dit-il. C’est-à-dire la démission du ministre de l’Intérieur, celui-là même qui n’a pas jugé utile de barrer la route aux hôtes russes indésirables, ainsi que l’organisation d’élections anticipées. «Il faut que nous arrivions à obtenir des élections à la proportionnelle, pour casser le système actuel de supermajorité», martèle Kandelaki.

Devant le parlement à Tbilissi jeudi soir.

Photo George Gogua pour Libération

Si les partis d’opposition sont présents et coordonnent la contestation, les manifestations à Tbilissi sont avant tout citoyennes. «La foule, c’est la société civile, c’est pourquoi cette contestation est forte, car elle n’est pas récupérée par des forces politiques, assure Sharashenidze. Le mécontentement s’accumule, et pas pour des raisons économiques et sociales, ça ne se passe pas comme ça en Géorgie. Dans notre pays, on proteste à cause de l’injustice. Les gens la ressentent personnellement depuis longtemps. La justice est aux ordres du parti du pouvoir, les élections présidentielles ont été tronquées au vu et su de tout le monde. Tout cela s’accumule», poursuit l’expert. Sur fond d’un mécontentement croissant à l’encontre d’un parti du pouvoir corrompu et inefficace, le Rêve géorgien, dont les rênes sont tenues par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, critiqué par l’opposition pour sa politique de flirt constant avec la Russie. «La Géorgie va mieux que d’autres pays, mais on assiste à une érosion des institutions démocratiques, à une oligarchisation de l’Etat – Ivanichvili, l’homme fort du pays, a trois fois plus d’argent que le budget d’Etat», dénonce Kandelaki. Le milliardaire a quant à lui joué l’apaisement jeudi soir, en assurant «partager pleinement l’indignation sincère des citoyens géorgiens».

Veronika Dorman

Sorgente: Géorgie : Tbilissi s’embrase – Libération

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