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A Paris, la petite sauterie en déshonneur du président de la Commission européenne a surtout été l’occasion pour les députés François Ruffin et Danièle Obono d’appuyer la candidature de la numéro 3 de la liste LFI, Leïla Chaibi, venue présenter un projet de loi européen anti-McDo.

«On va lui faire sa fête à Juncker ?» lance d’une voix rauque Danielle Simonnet, conseillère de Paris membre de La France insoumise, venue ouvrir le bal. «Oui !» crie la petite foule réunie sur une place étroite bordée d’arbres dans le XXe arrondissement de Paris. Après le succès de la fête à Macron l’an dernier, LFI organisait ce mercredi soir un acte 2 à la sauce des européennes. Les festivités ont dû attendre un peu. Les premières heures avaient davantage des allures de meeting miniature avec succession de prises de parole.

Paris, le 15 mai 2019. Dans le cadre des élections européennes, La France Insoumise fait la fête à Jean-Claude Juncker, Ménilmontant.
François Ruffin, Leïla Chaibi, candidate aux élections européennes, Danièle Obono.Leïla Chaibi, François Ruffin, Danielle Obono et Maria Eugenia Rodríguez Palop, mercredi soir (photo Albert Facelly pour Libération).

Petit comité

Les députés François Ruffin et Danièle Obono sont venus soutenir la numéro 3 sur la liste, Leïla Chaibi. C’est l’occasion de remettre le social dans le débat et d’éclipser la polémique autour de l’élu insoumis qui a appelé à voter pour le Rassemblement national. En guise de fil rouge, l’évasion fiscale, sujet de prédilection de la tête de liste Manon Aubry lorsqu’elle était à Oxfam. Celle qui qualifie volontiers Jean-Claude Juncker de «VRP des paradis fiscaux», y compris dans les pages deLibé, n’était pas présente. Mélenchon non plus. Au plus fort de la soirée, on approchait les 150 personnes, bières à la main sous le ciel bleu de la capitale.

Le président de la Commission européenne en prend donc pour son grade, donc. Pourquoi lui ? «C’est lui l’Europe des marchés, des multinationales, de lobbys, de la concurrence. […] Il représente tout ce qu’on veut changer dans l’UE», clame Leïla Chaibi, à l’initiative de la soirée diffusée en direct sur les réseaux sociaux. Elle veut aussi prouver que son parti est une alternative crédible face à LREM et au RN. Son principal grief contre Jean-Claude Juncker : il a été Premier ministre du Luxembourg, pays qui a organisé l’évasion fiscale des multinationales, comme l’ont révélé les LuxLeaks en 2014. Système dont a profité McDo, autre punching-ball de l’événement.

La mise en bouche s’arrête là parce qu’il est temps d’accueillir la tête de liste de Podemos, qui a fait le déplacement pour l’occasion Il faut montrer que LFI sait trouver des alliés chez nos voisins du Sud et que le parti «n’est pas anti-Europe et dans l’isolement», soulignera plus tard Danièle Obono. Vient donc l’Espagnole Maria Eugenia Rodríguez Palop pour souligner que les deux partis veulent «des modes de vie soutenables et dignes». Elle dénonce, en français, «le système productif qui génère toutes les violences, machistes et économiques» et demande une «parité obligatoire à tous les niveaux de décision et de leadership de l’Union», proposition applaudie dans l’auditoire.

Paris, le 15 mai 2019. Dans le cadre des élections européennes, La France Insoumise fait la fête à Jean-Claude Juncker, Ménilmontant.
François Ruffin, Leïla Chaibi, candidate aux élections européennes.

(Photo Albert Facelly pour Libération)

«McDo, rends l’argent !»

Au tour de François Ruffin de relancer les hostilités, entre humour et coups de sang. Sur Juncker : «Ce mec-là, il faut le mettre en taule, lui enlever ses lacets, sa cravate, sa ceinture. Il doit faire de la garde à vue, c’est ça que je devrais lire dans les journaux !» ou encore «C’est Rocco Siffredi qu’on met gardien d’un harem». Il dit son «scepticisme quant à la capacité de changer l’UE» mais insiste sur le rôle de «lanceurs d’alerte» des élus LFI : «On a besoin de gens qui sont en haut pour appuyer sur le bouton rouge en disant “attention il y a un truc qui est en train de passer !”»

Leïla Chaibi a justement quelque chose à faire passer au Parlement européen. Elle présente sa «directive McDo», texte de loi issu de deux mois de commission d’enquête citoyenne menée en France. La France insoumise reproche au temple de la malbouffe de produire «des montagnes de déchets» et de pratiquer l’optimisation fiscale au détriment des salariés dont les conditions de travail sont «dégradées». «McDo, rends l’argent !» scande la cinquantaine de personne restantes, plus dissipées. Pourquoi uniquement McDo ? «C’est symptomatique de la façon dont les multinationales s’affranchissent des lois nationales pour mieux agir sur le terrain de jeu européen et accroître davantage leur richesse», explique la candidate, citant aussi Amazon, Uber et Airbnb. Et de conclure : «On va faire entrer la colère du peuple dans le Parlement européen.» Dans l’air flottent les effluves du repas haïtien pendant que la fanfare se faufile jusqu’à la scène pour la fête, la vraie.

Margaux Lacroux photos Albert Facelly

Sorgente: Européennes : La France insoumise fait la mini-fête à Juncker – Libération

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