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Ayant compris qu’il ne pourra vendre son bilan sur le terrain des réformes économiques, Emmanuel Macron oriente la fin de campagne européenne sur celui de l’environnement, malgré une liste pour le moins hétéroclite. Ce jeudi matin, le Président a convoqué en grande pompe un «Conseil de défense écologique».

Un dernier coup de reins écolo. A quelques jours des européennes, l’exécutif et les candidats de la liste Renaissance multiplient les initiatives pour faire la démonstration de leur engagement pour la cause environnementale. Emmanuel Macron convoque ce jeudi matin à l’Elysée une douzaine de ministres pour le premier «Conseil de défense écologique». Le Premier ministre, Edouard Philippe, et son ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy donneront une conférence de presse pour souligner l’importance de cette initiative qui marque, selon l’Elysée, «un changement profond» de la gouvernance. Ils ne manqueront pas de rappeler que le chef de l’Etat met ainsi en œuvre une idée chère à Nicolas Hulot, partisan d’une «approche globale de l’écologie» : «Il devrait y avoir au gouvernement un conseil environnemental, sur le modèle du Conseil de défense, pour que le ministre de l’Ecologie ne soit pas seul à porter une mutation sociétale», expliquait l’ex-ministre à Libération le 19 avril.

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«Changer LA PAC»

«Sachez-le, nous sommes leaders en Europe sur la transition écologique», déclarait mercredi soir Rugy, le successeur de Hulot, haranguant un petit millier de sympathisants à Montpellier. En conclusion de ce meeting, le numéro 2 de la liste Renaissance, Pascal Canfin, en appelait à la mobilisation de tous pour rattraper le point de retard dans les sondages : «Ce point, on va le chercher, c’est le vote pour l’Europe et le vote pour le climat», a-t-il déclaré au terme d’un plaidoyer pour une écologie pragmatique, s’étonnant que son ex-compagnon de route Yannick Jadot, tête de liste EE-LV, fasse d’un changement des traités européens la première de ses propositions. «Absurde.» Selon lui, cela ferait «perdre des années» alors qu’il y a urgence et qu’il est «possible, à traités constants, de changer la PAC, de réduire les émissions, de sortir du glyphosate et de créer une banque du climat».Avec sa colistière Irène Tolleret, intrépide vigneronne qui produit «sans glyphosate» au pied du célèbre pic Saint-Loup, le candidat a parcouru le département de l’Hérault, saluant l’exploitation de cépages qui ne nécessitent aucun traitement, encourageant un petit maraîcher bio, installé sur un terrain communal, qui vend directement les légumes aux consommateurs de la métropole toute proche.

Selon l’Elysée, Philippe et Rugy insisteront ce jeudi sur le bilan du gouvernement «trop souvent passé sous silence». Par exemple sur la loi mobilité, en cours de discussion à l’Assemblée. Elle prévoit de porter à plus de 13 milliards l’investissement dans les transports, soit une augmentation de plus de 40 % par rapport au quinquennat précédent. «Sur 5 euros dépensés, quatre le seront pour le rail et les mobilités douces», soulignent ses promoteurs. La même loi prévoit de rendre obligatoire le versement d’un forfait de 400 euros maximum aux salariés pour encourager la locomotion écologiquement responsable.

«Bataille de la crédibilité

Avec le Conseil de défense, l’exécutif veut faire en sorte que les moyens dégagés soient effectivement utilisés, notamment en matière de rénovation thermique (sous Sarkozy comme sous Hollande, on est souvent resté très loin des objectifs ambitieux, faute de coordination au sommet de l’Etat). Le Premier ministre devrait répéter toutes les réserves de l’exécutif sur le projet Montagne d’or en Guyane, qui prévoit d’y extraire 85 tonnes d’or. «Ce projet n’a pas encore été déposé, on ne peut donc pas juridiquement le refuser. Mais on fera en sorte que ses promoteurs russes comprennent qu’ils n’ont aucune chance de le voir aboutir», explique une source ministérielle.

Etroitement associé à la préparation de ce premier Conseil, l’ancien patron du WWF France Pascal Canfin insiste sur ce qui lui paraît être l’essentiel : à partir de la prochaine loi de finances, présentée à l’automne 2019, le gouvernement se donnera les moyens de vérifier que son budget est compatible avec les objectifs de neutralité carbone conformes à l’accord de Paris. «Ce sera notre nouvelle boussole»,s’enthousiasme-t-il.

Canfin veut croire que l’écolo-macronisme a gagné «la bataille de la crédibilité». Ministre de Hollande en 2012, il se souvient que Macron, secrétaire général adjoint de l’Elysée, était jadis tenté par l’exploitation des gaz de schiste… Le chemin parcouru ? Il se mesure, selon Canfin, à la lecture de l’entretien que le chef de l’Etat a donné mardi aux quotidiens régionaux. Il dit avoir «beaucoup progressé sur ces sujets ces derniers mois» en écoutant la jeunesse européenne. Elle a «une conscience aiguë de ces sujets. Elle bouscule ses gouvernements, et c’est une chance».Premier président «post-accord de Paris», Macron aurait compris que «rester dans l’histoire, c’est être à la hauteur de cet enjeu». «Il sait qu’il sera jugé là-dessus et non pas sur la seule bonne gestion». L’Europe et l’écologie étant ses deux grands sujets, il n’est «pas illogique» que des animateurs d’Europe-Ecologie, mouvement fédéré en 2008 par Daniel Cohn-Bendit, se retrouvent dans la macronie.

Cette débauche de serments écolos ne manquera pas d’être dénoncée comme une ultime et grossière manœuvre électoraliste par les listes concurrentes. Anticipant ces attaques, Matignon réplique que face au «procès en mauvaise fois écolo» qui lui est fait de toutes parts, le gouvernement n’aurait pas d’autre choix que de demander à «être jugé sur les faits». 

Alain Auffray

Sorgente: Communication : pour LREM, les paris sont au vert – Libération


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