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Quatre salariés d’Amazon qui avaient posté des messages sur des groupes de Gilets jaunes ont été licenciés. Ils sont accusés par l’entreprise de lui avoir «porté préjudice».

Ian Brossat, tête de liste communiste aux Européennes, a participé à un rassemblement d’élus PCF lundi 18 février devant le siège d’Amazon afin de protester contre l’optimisation fiscale du géant de la vente en ligne. Au cours de l’action demandant à Amazon de payer ses impôts en France, les élus communistes ont aussi défendu quatre salariés faisant l’objet d’une procédure de licenciement. Vous nous demandez si des salariés ont été licenciés «pour avoir affiché leur soutien aux Gilets jaunes sur leur compte Facebook personnel, comme l’a affirmé Ian Brossat».

Sur BFM, Ian Brossat a en effet déclaré: «Si dans les semaines qui viennent les dirigeants d’Amazon souhaitent nous recevoir, nous le ferons. D’autant qu’il y a une actualité brûlante avec la décision qui a été prise de licencier quatre salariés d’Amazon qui sont simplement coupables d’avoir posté sur Facebook un message de soutien aux gilets jaunes».

Sur son compte twitter, l’élu communiste s’est ensuite affiché en photo avec l’un de ces salariés.

Ian Brossat

@IanBrossat

Avec Rémi, salarié d’@Amazon licencié de l’entreprise pour avoir simplement posté un message de soutien aux sur Facebook.
Nous sommes à ses côtés avec Khaled Bouchajra, délégué syndical CGT Amazon, et candidat aux .

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Les médias ont déjà couvert ces licenciements, surtout dans la presse locale. Au total, quatre salariés ont été licenciés.

Ainsi, le 12 janvier, La Voix du Nord révélait que deux logisticiens d’un entrepôt situé près de Douai (Nord) étaient licenciés pour «faute grave» pour avoir dénigré leur entreprise sur Facebook. L’un d’entre eux avait notamment écrit: «Il faut du renfort sur Amazon et des palettes les amis» et «Bonjour à tous, demain blocage d’Amazon à Lauwin-Planque, besoin de soutien des Gilets jaunes et des routiers, partager un max.»

Le 31 janvier, France Bleu Drôme assurait que cinq salariés avaient été convoqués, et qu’un d’entre eux avait été licencié pour «faute grave» pour avoir écrit pour Facebook: «Bravo à tous pour le blocage d’Amazon. Qu’est-ce que j’étais content d’être bloqué en sortant du boulot. Vendredi ça va être Black Out Friday. Je me joins à vous quand je ne travaille pas. Bloquez tout».

«Manque de loyauté» selon Amazon

Le 3 février, Le Parisien racontait avoir consulté les lettres de licenciement de ces trois salariés. On leur reproche d’avoir «tenu des propos “d’une singulière gravité […] en opposition totale aux valeurs de l’entreprise”, avoir manqué, également, à leur “obligation de loyauté”» selon ces lettres. Auprès du journal, le géant du net reconnaissait avoir envoyé «une dizaine de notifications» à des salariés en France. Et expliquait au Parisien, «ces personnes ont été licenciées car elles n’ont pas respecté leurs obligations contractuelles. Mais elles sont libres de leur opinion politique». Niant que ces licenciements soient une «chasse aux gilets jaunes».

Quelques jours plus tard, France Bleu révélait qu’un salarié de Sarran (Loiret) était également licencié pour faute grave. En cause, ce message Facebook, posté le 18 novembre 2018 sous son nom: «Pour frapper un grand coup et nuire à l’économie, blocage des entrepôts Amazon. La semaine du Black Friday commence demain et c’est encore les plus aisés qui vont en profiter». Même argumentaire du côté de la direction qui l’accuse de manque de loyauté et estime que ce message démontre son «envie manifeste de dénigrer l’entreprise et de lui porter préjudice», selon la lettre de licenciement consultée par CheckNews. Ce Gilet jaune, Rémi Deblois, a finalement décidé de contester son licenciement aux prud’hommes et a donc ouvert une cagnotte Leetchi en ce sens. C’est lui qui apparaît en photo avec Ian Brossat. Son avocat, Me Avi Bitton, explique que la lettre de licenciement n’invoque que ce message Facebook pour justifier la «faute grave». Or, «ce message peut être interprété comme un appel à la grève, la grève menant au blocage. Et il est impossible de licencier un salarié pour appel à la grève», souligne le conseil, qui s’appuie aussi sur l’article L1235-1 du code du travail pour justifier que s’il y a doute sur l’interprétation de ce message, «le doute profite au salarié».

Contacté par CheckNews, Amazon France confirme que quatre salariés d’Amazon ont bien été licenciés depuis le début du mouvement des gilets jaunes, mais que«ces décisions n’ont en aucun cas été prises parce qu’ils avaient montré leur soutien à une manifestation. Nos collaborateurs sont absolument libres de leurs opinions, et nous respectons le droit de grève mais il s’agit ici d’un manquement à leurs obligations professionnelles». «Il est faux de prétendre que des collaborateurs ont été licenciés pour une raison autre que la violation de leurs obligations contractuelles», a renchéri l’entreprise dans un communiqué tout en refusant de s’attarder «sur des cas individuels».

Sorgente: Des salariés d’Amazon ont-ils été licenciés pour avoir affiché leur soutien aux Gilets jaunes, comme l’affirme Ian Brossat ? – Libération

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