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28 March 2024
0 5 minuti 4 anni

Déstabilisé par l’impeachment, le président américain a sans doute voulu restaurer sa crédibilité.

Pour mesurer l’anxiété d’une nation, il suffit parfois d’écouter ses enfants, comme les Américains de 10 ans qui, dès vendredi, interrogeaient leurs parents sur la possibilité d’une Troisième Guerre mondiale. Depuis l’annonce de l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani, le hashtag #WW3 (World War 3) est numéro 1 sur les réseaux sociaux parmi les adolescents américains.

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Si les chaînes d’information du pays multiplient les spéculations sur le genre et le lieu des inévitables représailles iraniennes, le très démocrate comité éditorial du New York Times demande l’appui des sénateurs républicains déjà affairés à la défense de Donald Trump pour son jugement d’impeachment, afin de «raisonner ce dernier pour éviter une escalade catastrophique». Certes, le niveau de tension de l’opinion américaine s’était réduit dans la journée de samedi, lorsque la Maison Blanche a notifié officiellement l’assassinat de Soleimani au Congrès. Ce retour à une procédure légale et normale, malgré les protestations des démocrates devant des documents inutilisables car classés top secret, a fait long feu face à une nouvelle bordée de tweets du chef d’Etat, annonçant, en cas d’attaque iranienne, son choix de 52 cibles (un nombre équivalent à celui des otages américains en 1979) sur le territoire de la République islamique.

Piège. A l’heure où le parlement irakien a voté le retrait de l’armée américaine de son territoire, tout semblant de logique stratégique, a fortiori contre le terrorisme de Daech, se dissipe à nouveau, laissant place à une sensation générale de chaos et d’incertitude. D’autant plus qu’on sait désormais comment Trump a pris sa décision. L’option de l’assassinat de Soleimani, rejetée depuis quinze ans par les Etats-Unis en raison de l’escalade qu’elle impliquerait, a d’abord été écartée par Trump le 28 décembre, au lendemain de l’attaque de la base de Kirkouk par une milice pro-iranienne et de la mort d’un interprète américain. En revanche, le Président l’a choisie, malgré la consternation de ses conseillers et du Pentagone, après avoir regardé, furieux, les images humiliantes du saccage d’une partie de l’ambassade américaine à Bagdad le 31 décembre.

Déstabilisé par l’impeachment, il aurait voulu dissiper les doutes sur son autorité, ou sur la toute-puissance américaine. Pris au piège de sa promesse de mater l’Iran et d’en changer le régime – la seule exception à sa doctrine de repli international -, il pourrait avoir misé sur cette opération pour détourner l’attention de l’impeachment. Si en 1998 Bill Clinton, lui aussi en plein impeachment, avait ordonné un bombardement ponctuel en Irak, sa popularité était incomparablement supérieure à celle de Trump aujourd’hui. Les républicains pourraient refuser de suivre Trump sur sa voie martiale. Seulement 18 % de la population, selon un sondage Gallup de juillet, est favorable à une offensive militaire contre l’Iran.

Expérience. Cette fois-ci, l’impulsivité, l’incohérence stratégique du président américain pourraient échauder son propre camp. En attendant, elles serviront son rival démocrate Joe Biden. Il mise plus que jamais sur son expérience internationale et son aura d’ancien vice-président dans les primaires démocrates. «C’est là qu’avoir de la crédibilité, et un président qui n’a pas menti sur tout, serait vraiment, mais vraiment utile», a tweeté Samantha Power, ambassadrice américaine à l’ONU sous Barack Obama. La crise déclenchée par Trump rend plus criant encore, aux yeux de ses détracteurs, le besoin d’un adulte à la Maison Blanche.

Philippe Coste Intérim à New York

Sorgente: Iran—Etats-Unis, l’escalade – Libération

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