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Des migrants essaient de s'échapper du camp de Moria, sur l'île de Lesbos, dimanche.

Ce dimanche, à Moria sur l’île de Lesbos, des flammes ont démarré dans un préfabriqué avant de s’étendre, faisant au moins un mort. Des émeutes ont ensuite éclaté entre des migrants à bout et les forces de l’ordre grecques.

Par Fabien Perrier, correspondant à Athènes

Ce sont d’abord des cris qui ont traversé le camp de réfugiés, à Moria, sur l’île de Lesbos, ce dimanche. Les appels au secours se sont faits incessants alors que des flammes et leurs fumées commençaient à transpercer le ciel d’un bleu radieux. Ils ont duré jusqu’à ce que résonnent les sirènes de véhicules de pompiers. Puis un immense brouhaha a pris le dessus, mêlant des coups sur les containers qui servent d’abris aux migrants aux cris stridents, aux pleurs et aux râles de désespoir. L’incendie s’est déclaré depuis «une boutique», confie Abdullah, un Afghan de 17 ans, qui était sur place. Il s’est ensuite vite propagé aux préfabriqués voisins, nécessitant l’intervention des pompiers. Pendant ce temps, un bruit court : une réfugiée aurait été brûlée par les flammes, ce que confirmera la police du camp. D’autres réfugiés affirment avoir extrait deux corps d’enfants. Pendant qu’ils témoignent, d’autres migrants courent hors du camp, vers l’hôpital dressé par l’ONG Médecin sans frontières (MSF). Ils portent le corps d’un homme brûlé. «Il est mort des brûlures», affirme l’un, quand d’autres disent qu’il est entre la vie et la mort. Un peu plus loin, des femmes pleurent autour d’un corps. La direction de l’hôpital affirme cependant qu’aucun corps ne lui a été transféré.

13 000 personnes dans un camp prévu pour 3 000

«Les secours ont tardé à intervenir. Et les réfugiés ne leur font plus confiance et ne veulent pas remettre les corps», s’énerve Abdullah entre deux coups de fil. Il est inquiet. Son cousin, qu’il ne parvient pas à joindre, est resté à l’intérieur du «hotspot» de Moria, selon la dénomination officielle des institutions européennes. C’est là qu’à leur arrivée sur l’île, les migrants sont enregistrés et triés entre réfugiés et migrants considérés comme économiques. Les premiers peuvent prétendre à une admission sur le sol européen quand les seconds sont renvoyés dans leur pays.

Le camp de Moria est débordé. Prévu pour 3 000 personnes, il en accueille actuellement environ 13 000. Autour du hotspot, des tentes ont été érigées, portant le sigle du Haut-Commissariat aux réfugiés, pour accueillir ceux qui sont en attente. «Je suis arrivé il y a un mois et demi. Mon entretien avec les services de l’asile est prévu pour octobre 2021», explique Abdullah en montrant la carte que les autorités lui ont remise. «Je ne sais pas comment il sera possible de rester aussi longtemps dans ce camp…»

Des bagarres tous les jours

Pendant qu’il déroule son récit, un nouveau brouhaha émerge du camp. Désespéré, à bout de nerfs, les migrants commencent à s’en prendre aux responsables du camp. Les MAT, les CRS grecs, arrivent. Au bout de quelques minutes, des tirs de lacrymogènes retentissent et les gaz envahissent tout l’air. «C’est toujours comme ça… Il y a des bagarres tous les jours !» Des bénévoles d’association courent pour aller soigner les blessés. Mais du côté des autorités, c’est silence radio. Comme s’il ne fallait pas dire ce qui se passe réellement derrière les barbelés du hotspot.

Sorgente: liberation.fr


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