0 4 minuti 5 anni

Pour la première fois, l’Unicef a évalué le nombre de garçons mariés avant 18 ans. Quelque 115 millions d’hommes -six fois moins que les femmes- s’avèrent contraints à tirer un trait sur leur enfance et leur scolarité.

Mariés dès l’enfance. Pour la première fois, l’Unicef met le sujet de l’union précoce des hommes sur la table en publiant le 6 juin le résultat de données collectées dans 82 pays. Quelque 115 millions d’entre eux se révèlent concernés. Cela représente, certes, près de six fois moins que le nombre de jeunes filles contraintes de se marier, dont la proportion atteint 76 % au Niger. Mais devenir époux avant 18 ans n’en reste pas moins synonyme de nouvelles responsabilités, souvent au détriment de la poursuite de la scolarité et d’opportunités professionnelles, et donc de possibilités d’évolution sociale.

Avant 15 ans

Plus inquiétant encore, l’Unicef dénombre 23 millions de jeunes hommes mariés avant 15 ans. Or, l’auteure de l’étude, Claudia Cappa, estime qu’«un individu de moins de 18 ans n’est pas en mesure de donner son consentement. Nous présumons donc que les noces célébrées entre enfants sont conclues contre leur gré.» Cette situation s’avère d’abord dommageable pour le jeune homme qui «doit prendre des responsabilités d’adulte et s’occuper rapidement d’une famille alors qu’il est lui-même encore un enfant», regrette l’auteure. «Le mariage tue l’enfance», résume Henrietta Fore, la directrice générale de l’Unicef.

Mais c’est d’une façon générale toute la société qui pâtit de ces pratiques aux motivations à la fois économiques et culturelles. «Les garçons qui se marient tôt quittent généralement l’école, ce qui les prive d’opportunités professionnelles. Cela entraîne des conséquences négatives au niveau de l’individu, de la communauté et du pays», détaille Claudia Cappa, décrivant un cercle vicieux, d’autant plus que ces unions prématurées interviennent majoritairement dans les milieux défavorisés.

Violation des droits

Le premier pays concerné est la Centrafrique, où l’âge légal du mariage est pourtant fixé à 18 ans. «Notre étude vise à déclencher une enquête nationale pour mieux cerner cette pratique et susciter des changements au sein des lois et des traditions», ambitionne l’auteure. De son côté, l’Unicef mène d’ores et déjà des campagnes ciblées sur les unions précoces des hommes auprès des familles, notamment au Népal et au Mozambique, sans oublier l’Amérique latine – le Nicaragua remporte la deuxième place du classement.

L’étude rappelle toutefois que les noces prématurées nuisent davantage aux femmes à cause «de l’impact négatif sur leur vie reproductive et sur la gestion du pouvoir au sein du couple quand leur époux est plus âgé [le cas inverse est très rare, ndlr]», souligne son auteure. Pour les deux sexes, l’Unicef assimile le mariage des enfants à une violation de leurs droits.

Augustine Passilly

Sorgente: Mariage des enfants : les garçons victimes eux aussi – Libération