Seguiteci su Telegram https://t.me/Nuovaresistenza on Telegram
19 April 2024
0 8 minuti 5 anni

Déjà floue, l’organisation de la consultation qui doit débuter mardi est bouleversée par le retrait de Chantal Jouanno et de la Commission nationale du débat public qui devaient l’organiser. L’exécutif, lui, tente de temporiser et promet un débat transparent.

Le «grand débat national» compromis avant même d’avoir commencé ? Une semaine avant le coup d’envoi officiel, l’opération a perdu son pilote en chef. Invitée mardi soir du JT de France 2, Chantal Jouanno, à qui Matignon avait confié le chantier début décembre, a jeté l’éponge face caméra. Les attaques virulentes dont la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) a fait l’objet sur les réseaux sociaux depuis la divulgation du montant de sa rémunération (176 000 euros brut annuels) l’ont convaincue d’en rester là. «Les conditions de sérénité pour mener à bien le débat ne sont pas remplies, a justifié mercredi matin sur France Inter l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy. Ce qui affaiblirait le débat c’est que je reste.» L’argument est de poids.

A LIRE AUSSITuiles en série pour l’exécutif

Au passage, il autorise cependant l’ex-championne de karaté à prendre la sortie de secours sans s’appesantir sur l’origine du «stress» qui, selon son entourage, l’habitait depuis mi-décembre. A savoir être prise en sandwich entre Matignon et l’Elysée. Avec d’un côté, un Premier ministre initialement fort peu enthousiasmé par le grand débat mais confiant dans la capacité de l’ancienne organisatrice du Grenelle de l’environnement de le mener à bien. Et de l’autre, un chef de l’Etat convaincu que son salut passe par la libération de la parole citoyenne comme son élection l’avait été par la «grande marche» lors de la campagne, mais très agacé par les conditions strictes d’organisation et d’indépendance que Jouanno entendait imposer à l’exécutif…

Dans la foulée de sa présidente, c’est d’ailleurs toute la Commission qui s’est officiellement retirée du processus, privant le grand débat de son label d’indépendance. Mercredi, à l’issue du séminaire gouvernemental qui se tenait à l’Elysée, Philippe a pris acte de l’inéluctable. «Je regrette la démission de Chantal Jouanno, et d’abord parce qu’elle intervient tard dans le processus, a grincé le Premier ministre. Ce n’est pas rédhibitoire mais cela crée une émotion supplémentaire.» Ceci pour aussitôt en relativiser la portée : «Ce n’est qu’une péripétie. Ce qui compte ce ne sont pas les personnes mais le débat, que je souhaite riche, impartial et utile.»

«Foisonnant»

De fait, la priorité de Matignon est désormais de circonscrire rapidement le départ de feu. «La notoriété de Jouanno et de la CNDP n’étant pas très importante, le retrait de l’une et de l’autre ne nous pose pas de problème de communication, précise-t-on dans l’entourage du Premier ministre. En revanche, il nous faut rassurer parce que le départ de Jouanno laisse penser que le débat n’aura pas lieu.» Du coup, Philippe mouille la chemise. Même s’il rappelle que le grand débat n’est qu’un «élément de réponse aux préoccupations» des gilets jaunes – les 10 milliards d’euros de «mesures d’urgence» annoncées fin 2018 en étant un autre -, le Premier ministre s’est appliqué à crédibiliser la démarche. «Cela permet de répondre au besoin de considération qui s’est exprimé», insiste-t-il, promettant un débat «foisonnant», «au plus près des citoyens»dans le respect des règles de «transparence et d’impartialité».

Une volonté de bien faire qui ne sera toutefois étayée qu’en début de semaine prochaine, en parallèle de la diffusion par Macron de sa lettre explicative aux Français. Pour cause, le départ de Jouanno a pris Matignon au dépourvu. Aucun pilote de remplacement n’est encore dans les tuyaux. Le Premier ministre indique seulement vouloir confier à des «garants indépendants et incontestables» le soin de «dire que les règles du débat sont respectées». Encore faut-il trouver et obtenir l’accord de ces perles rares. Une préoccupation qui guide la volonté de Philippe de rencontrer partenaires sociaux et organisations patronales d’ici la fin de la semaine. Tout du moins, l’idée, un temps caressée par l’exécutif, de confier à un ou plusieurs ministres le soin de piloter le chantier – au risque de prêter le flanc aux soupçons de partialité – semble pour le moment écartée.

Confiant

Côté opérationnel, Matignon se veut confiant. «La CNDP a fait un gros boulot, affirme l’entourage du Premier ministre. A partir de mardi s’ouvre une nouvelle phase.» En pratique, les citoyens disposeront de moyens variées pour prendre la parole : réunions d’initiatives locales, stands mobiles et plateforme numérique. «On continue à travailler avec les maires qui sont les mieux placés pour savoir où et à quel moment ce type d’exercice peut se dérouler», précise le chef du gouvernement. En sus, des conférences citoyennes seront organisées au niveau des régions. La centaine de citoyens tirés au sort qui devraient y participer pourra donner son avis sur les propositions formulées dans les débats et nourrir la réflexion des parlementaires et de l’exécutif.

Faute de pouvoir encadrer les milliers de réunions locales en gestation, Philippe convient que la «parole sera libre». Toutefois, seules les suggestions relevant des quatre thèmes fixés par le gouvernement feront in fine l’objet d’une remontée au plus haut niveau. «Le grand débat, ce n’est pas le grand déballage, a prévenu le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. Il n’est pas question de revenir sur les grandes avancées de notre droit, comme l’IVG, la peine de mort ou le mariage pour tous.» Un début de (re)cadrage pas inutile.

Nathalie Raulin

Sorgente: (2) Gilets jaunes : le grand débat en pilotage chaotique – Libération

Please follow and like us:
0
fb-share-icon0
Tweet 20
Pin Share20

Enjoy this blog? Please spread the word :)

RSS
Follow by Email
Facebook0
YouTube20
YouTube
Seguiteci su Telegram https://t.me/NuovaresistenzaBot