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Le chef de l’Etat a justifié les convocations de plusieurs journalistes par la Sécurité intérieure, vivement dénoncées par la profession.

Alors que les convocations de plusieurs journalistes par la Sécurité intérieure alarment la presse et ses défenseurs, Emmanuel Macron a justifié vendredi ces procédures, au nom de la «sécurité nationale» et de la «liberté des individus». Estimant que, «en France, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de liberté d’informer». Plusieurs journalistes ont été ces dernières semaines convoqués par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui souhaite les interroger au sujet de leurs enquêtes. Trois journalistes du collectif d’investigation Disclose et un de Radio France sont concernés, après leurs articles sur la vente à l’Arabie Saoudite d’armes françaises susceptibles d’avoir été utilisées dans le conflit au Yémen. Une journaliste de l’émission Quotidien, sur la chaîne TMC, a déclaré avoir déjà fait l’objet d’une convocation dans le même cadre en février.

A ces cas s’ajoutent ceux d’une journaliste du Monde, Ariane Chemin, et du président du directoire du quotidien, Louis Dreyfus, visés pour des révélations portant sur une branche de l’affaire Alexandre Benalla, et plus précisément sur l’implication dans celle-ci d’un sous-officier de l’armée de l’air. Ces convocations ont suscité l’indignation de la profession et de nombreuses voix politiques, qui ont dénoncé une attaque en règle contre la liberté de la presse et le secret des sources.

«Sur la place publique»

«La liberté de la presse et des sources est totale, mais elle doit être composée avec la liberté des autres», a estimé vendredi soir Emmanuel Macron, dans le cadre d’un entretien vidéo avec le jeune youtubeur Hugo Travers. «Il y a une affaire des armes au Yémen, où des journalistes ont relayé une note confidentielle. […] Il y a une sécurité nationale qui crée des obligations de réserve. Sinon, n’importe quel journaliste peut se procurer des documents qui relèvent de la sécurité nationale et les mettre sur la place publique.» Quant à l’affaire impliquant la journaliste du Monde, le Président a souligné que «ce n’est pas l’Etat qui a porté plainte, c’est cette personne [concernés par l’article, ndlr] qui appartient aux forces spéciales et qui mène une activité confidentielle et dangereuse […] qui dit : “on met ma sécurité en danger”.»

Dans un appel commun publié mercredi, une quarantaine de sociétés de journalistes et rédacteurs, dont celle de Libération, avait «rappelé une nouvelle fois que la protection des sources a été consacrée par la Cour européenne des droits de l’homme comme “l’une des pierres angulaires de la liberté de la presse”, et que le secret-défense ne saurait être opposé au droit à l’information».

Dominique Albertini

Sorgente: Journalistes convoqués par la DGSI : Macron invoque «sécurité nationale» et «liberté des autres» – Libération

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