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Le rapport annuel de SOS Homophobie, rendu public ce mardi, fait état d’une explosion des agressions signalées à l’association, en hausse de 15% par rapport à l’année précédente.

D’emblée, le diagnostic est clair : 2018 a été une «année noire pour les personnes LGBT». Ce mardi, l’association SOS Homophobie livre son rapport annuel. Et une fois de plus, il est alarmant. Cet état des lieux, le 23ème en vingt-cinq ans d’existence de l’association, permet une nouvelle fois de prendre la mesure de l’ampleur de la haine dont sont victimes les lesbiennes, les gays et les trans, chaque jour en France. Sur 176 pages, et au fil des 1 905 témoignages recueillis, SOS Homophobie continue d’alerter sans relâche. En 2018, et pour la troisième année consécutive, le nombre de témoignages reçus est en hausse. Sauf que cette fois, il bondit de 15% par rapport à l’année précédente. A titre de comparaison, en 2017, le nombre d’actes LGBTphobes signalés avait augmenté de 4,8%. Dans plus de la moitié des cas (54%), les faits évoqués se produisent dans la vie quotidienne, que ce soit dans des lieux publics (12% des cas), au travail (11%), ou encore dans des commerces (6%). Sur Internet aussi, la haine fait son nid : 23% des cas de LGBTphobies relatés se sont produits en ligne.

Dans la vraie vie, la haine anti-LGBT prend d’inquiétantes proportions, puisqu’une nouvelle fois, SOS Homophobie alerte sur la «hausse alarmante des agressions physiques» : 231 attaques sont à déplorer en 2018, soit une explosion de 66% par rapport à l’année précédente, au cours de laquelle 139 agressions ont été enregistrées par les bénévoles. L’association relate ainsi avoir reçu jusqu’à un témoignage d’agression physique par jour au cours du dernier trimestre de l’année 2018. A cette époque en effet, la parole des victimes semble s’être libérée, y compris sur les réseaux sociaux, où ont afflué les témoignages, bien souvent accompagnés de photos de visages tuméfiés.

Les trans et les lesbiennes particulièrement ciblés

Les personnes trans semblent les plus touchées : 19% d’entre elles ont été la cible de coups, à l’image des faits récemment dénoncés par Julia, insultée et frappée en marge d’un rassemblement place de la République, à Paris, début avril. Selon les données publiées dans le rapport, dans plus d’un tiers des cas (35%), ces agressions physiques se sont produites dans des lieux publics. Mais le domicile ne semble pas être un refuge, puisque dans 15% des cas, la violence émane du voisinage des victimes.

Le nombre d’actes lesbophobes a quant à lui carrément bondi de 42% entre 2017 et 2018, passant de 257 faits dénoncés en 2017 à 365 en 2018. C’est par exemple l’histoire d’Elise et de sa compagne, qui se sont vues invectivées alors qu’elles déjeunaient dans un restaurant parisien. «Les lesbiennes n’ont pas le droit d’être ici», a lancé leur agresseur, avant de frapper l’une d’elles au visage. Pour autant, SOS Homophobie estime que cette hausse des actes lesbophobes peut être liée à la libération de la parole des femmes entraînée par les mouvements #balancetonporc et #metoo, survenus en fin d’année 2017. Les agresseurs sont majoritairement des hommes, selon l’association, qui observe que les lesbiennes sont non seulement injuriées, mais aussi souvent agonies d’avances sexuelles, voire de menaces de viol.

«La honte change peu à peu de camp»

La gayphobie et la transphobie ne sont pas en reste pour autant, en hausse respectivement de 10% et 13%. Ce que les victimes dénoncent le plus ? Le rejet et l’ignorance, qui frappent plus particulièrement les personnes bisexuelles (92% d’entre elles), et 85% des trans disent aussi se sentir rejetés.

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Pour SOS Homophobie, ces chiffres attestent à la fois d’une «persistance de la haine» mais aussi d’une volonté de ne plus laisser passer chez les victimes, qui hésitent moins à dénoncer. «Les victimes ne se cachent plus et la honte change peu à peu de camp», écrivent les auteurs.

Lundi, une étude de l’Ifop pour la fondation Jasmin Roy-Sophie Desmarais, en partenariat avec la fondation Jean-Jaurès et la Délégation interministérielle de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), dressait un état des lieux tout aussi alarmant : selon ces travaux, plus de la moitié des personnes LGBT (55%) ont déjà été victimes d’une forme d’agression au cours de leur vie.

Sorgente: (1) «2018 a été une année noire pour les personnes LGBT» – Libération

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