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Les sociaux-démocrates ont remporté dimanche les élections législatives en Finlande, vingt ans après leur dernière victoire. Ils ne disposent toutefois que d’une courte avance sur les Vrais Finlandais, le parti d’extrême droite.

Les sociaux-démocrates ont remporté dimanche les élections législatives en Finlande, vingt ans après leur dernière victoire, disposant d’une courte avance sur les Vrais Finlandais (extrême droite). Le parti, conduit par l’ancien ministre des Finances Antti Rinne, obtient 40 sièges sur 200 au Parlement, les Vrais Finlandais 39, selon les résultats définitifs. 0,2 point sépare les deux partis au terme d’une soirée électorale à suspens. Les sociaux-démocrates signent leur retour sur le devant de la scène politique, quatre ans après leur échec aux législatives de 2015 où le parti a terminé quatrième.

«Nous sommes les plus grands perdants de cette élection», a regretté Juha Sipilä, le Premier ministre sortant, peu après la publication des premiers résultats. La victoire des sociaux-démocrates devrait porter au poste de Premier ministre l’ancien ministre des Finances Antti Rinne, 56 ans, syndicaliste devenu responsable du parti en 2014. «Pour la première fois depuis très, très longtemps, les sociaux-démocrates occupent la première place», a-t-il déclaré à la presse. Le parti est arrivé pour la dernière fois en tête des législatives en 1999. Paavo Lipponen a alors conduit une coalition gauche-droite, jusqu’en 2003. Depuis les sociaux-démocrates ont participé à plusieurs gouvernements, sans toutefois en prendre la tête.

Depuis 2015, la coalition gouvernementale sortante, composée du Centre, du Parti de la coalition nationale (droite) et du parti Réforme bleue (eurosceptique), conduit une politique d’austérité qui a permis de sortir le pays de la récession en 2016. Mais, assure le chef des sociaux-démocrates dans la presse finlandaise, «nous devons trouver des moyens équitables de rendre la société finlandaise durable […], la politique fiscale ne peut pas y parvenir seule».

Selon Sini Korpinen, chroniqueuse politique, «les gens en ont marre face à certaines réductions» budgétaires. «Il y a eu beaucoup de coupes et certaines dans des domaines comme celui de l’éducation, alors qu’ils avaient promis de ne pas y toucher», déplore auprès de l’AFP Jenny, venue voter dimanche matin à Helsinki. L’éducation est un secteur de prestige dans le pays nordique, le système éducatif finlandais restant parmi les meilleurs élèves du monde au classement PISA.

Vote populiste

«Je ne m’attendais pas à un tel résultat, personne ne s’attendait à cela», a réagi de son côté Jussi Halla-aho, chef de file des Vrais Finlandais, devant des militants à Helsinki. En 2015, le parti d’extrême droite était entré dans le gouvernement de centre-droit, un choix politique ainsi que la modération de ses positions, notamment sur l’Europe, qui avaient été perçus comme une trahison par ses militants les plus radicaux. Dimanche, il a plus que doublé son nombre de sièges, passant de 17 à 39.

En 2017, les Vrais Finlandais ont finalement implosé et quitté le gouvernement : une majorité de leurs députés ont fondé Nouvelle Alternative (rebaptisé Réforme bleue par la suite), parti qui est resté au pouvoir, les autres se ralliant à son nouveau président, le faucon anti-immigration Halla-aho. La question de l’immigration a porté le parti d’extrême droite sur le devant de la scène − bien qu’en Finlande seuls 6,6% des 5,5 millions d’habitants soient nés à l’étranger.

En décembre et janvier, une dizaine d’hommes d’origine étrangère soupçonnés d’agressions sexuelles ont été arrêtés. Ces affaires très médiatisées ont suscité l’indignation dans le pays et une vague de soutien aux Vrais Finlandais. La formation s’est engagée à réduire considérablement l’immigration et renforcer les règles d’asile.

«Grande coalition»

La Finlande a un scrutin proportionnel et une culture politique du consensus qui portent au pouvoir des coalitions hétéroclites. Dimanche, Jussi Halla-aho s’est dit ouvert à une coalition «mais pas à n’importe quel prix». De son côté, Antti Rinne a d’ores et déjà assuré vouloir former un gouvernement «avant fin mai», et n’a pas écarté la possibilité d’une collaboration avec les Vrais Finlandais, affirmant qu’il avait «des questions» à poser au parti.

«Certaines des questions porteront sur les valeurs», a déclaré Antti Rinne aux médias finlandais. «Les valeurs du parti social-démocrate sont très importantes, c’est le ciment qui maintiendra le gouvernement uni», a-t-il ajouté.

Pour la chroniqueuse politique Sini Korpinen, la politique finlandaise se dirige vers une «grande coalition» gauche-droite, composée des sociaux-démocrates, du Parti de la coalition nationale, mais aussi des Verts, de l’Alliance de gauche et du parti populaire suédois (libéraux). Les Vrais Finlandais resteraient dans l’opposition selon elle. «On risque de connaître la même situation que sous Jyrki Katainen», chef d’un gouvernement de coalition composé de six partis entre 2011 et 2015, désavoué par son absence de résultats, a-t-elle expliqué.

Le défi du prochain gouvernement sera aussi de s’attaquer à l’épineuse question de la protection sociale – l’Etat-providence finlandais est l’un des plus généreux au monde -, dans un contexte de vieillissement de la population et de baisse du taux de natalité. Parallèlement, la croissance devrait ralentir.

Sorgente: Législatives en Finlande : les sociaux-démocrates signent leur retour au pouvoir – Libération

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