Seguiteci su Telegram https://t.me/Nuovaresistenza on Telegram
25 April 2024
0 6 minuti 5 anni

Les classes socio-professionnelles supérieures restent largement dominantes dans les mouvements de défense du climat. Mais le mouvement des gilets jaunes pourrait permettre une convergence avec les préoccupations des classes populaires.

 Tous les jours, retrouvez le fil vert, le rendez-vous environnement de Libération. Aujourd’hui, c’est la règle de trois : trois questions pour décrypter les enjeux environnementaux.

Maxime Gaborit est chargé de cours à Sciences-Po et membre du collectif de sociologues Quantité critique, qui étudie le profil des manifestants pour le climat.

Qu’est-ce que Quantité critique ? Et dans quel but le collectif a-t-il été créé ?

Quantité critique est un collectif de maîtres de conférences, de doctorants et d’étudiants en sociologie, qui enquêtent sur les mouvements sociaux en France depuis septembre. Nous avons travaillé principalement sur les mobilisations pour le climat. Nous voulons les étudier dans la durée et dans toute leur ampleur, grâce à une perspective quantitative. Notre méthode d’enquête se fonde principalement sur des questionnaires, qui sont soit menés en face-à-face, soit envoyés par Internet à un échantillon aléatoire de manifestants.

Notre objectif de départ était de dépasser les caricatures faites des manifestants pour le climat, souvent réduits au qualificatif de «bobos», et de trouver les expressions politiques de ce que l’on pourrait appeler une «écologie populaire», c’est-à-dire les témoignages d’une conscience environnementale des classes populaires, souvent réduites à des positions anti-écologiques, alors que la réalité est bien plus complexe. A ce projet s’est ajoutée une enquête sur les gilets jaunes que nous avons menée à travers des sondages sur Internet et des questionnaires sur les ronds-points de l’Oise.

On a l’impression d’une massification du mouvement citoyen pour le climat. Assiste-on pour autant à une diversification des individus qui y prennent part ?

La mobilisation pour le climat se massifie effectivement depuis plusieurs mois : la réussite de la manifestation du 16 mars en témoigne [qui a rassemblé 350 000 personnes dans 76 villes en France, ndlr]. La question de la diversification est en revanche beaucoup plus complexe. Il y a une homogénéité sociale dans la mobilisation pour le climat qui est très claire, en tout cas pour les mobilisations parisiennes. Les catégories socioprofessionnelles supérieures sont largement surreprésentées et la première mobilisation de l’année 2019, l’Agora du 27 janvier, ne semble pas changer cette dimension : les cadres et professions intermédiaires constituaient à eux seuls plus de 50% des personnes que nous avons interrogées ce jour-là.

En revanche, on assiste à une diversification importante des modes d’action : les manifestations sont maintenant accompagnées par la pétition de l’Affaire du siècle et des grèves scolaires… Les plus massifs laissent penser à une potentielle diversification sociale. Nous espérons que les résultats de notre enquête sur la grève scolaire pour le climat du 15 mars puissent nous amener de nouvelles réponses à cette question.

Avez-vous pu observer un début de convergence entre les gilets jaunes et les participants aux marches pour le climat ?

Dans les mobilisations, la convergence entre gilets jaunes et mobilisation pour le climat ne s’est faite que de manière résiduelle, notamment parce qu’il y a une rupture sociale claire entre les mobilisés pour le climat et les gilets jaunes. En revanche, plusieurs pistes permettent envisager la possibilité d’un rapprochement. D’abord, le soutien fort qui peut exister entre les deux mobilisations. Les gilets jaunes sont majoritairement conscients de la catastrophe écologique à venir et en appellent à des mesures environnementales qui ne pèseraient pas que sur les plus précaires : taxes sur le kérosène, réouverture des petites lignes de train.

De l’autre côté, un fort soutien aux gilets jaunes s’est exprimé dans certaines mobilisations pour le climat. D’après notre enquête à l’Agora pour le climat, 76% des manifestants ont déclaré soutenir ou avoir de la sympathie pour les gilets jaunes. Nous cherchons désormais à savoir si ce soutien se maintient dans le temps. La convergence politique concrète reste, elle, encore à construire. Mais les deux mouvements se ressemblent dans le regard qu’ils portent sur l’Etat, considéré comme coupable de maintenir un système incompatible avec les attentes sociales et écologiques.

Nelly Didelot

Sorgente: «Il y a une homogénéité sociale dans la mobilisation pour le climat» – Libération

Please follow and like us:
0
fb-share-icon0
Tweet 20
Pin Share20

Enjoy this blog? Please spread the word :)

RSS
Follow by Email
Facebook0
YouTube20
YouTube
Seguiteci su Telegram https://t.me/NuovaresistenzaBot