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Le Conseil supérieur de l’audiovisuel publie ce vendredi son rapport annuel sur la place des femmes à la télévision et à la radio. Ses conclusions rappellent celles du rapport de l’Institut national audiovisuel, qui a, lui, mesuré que les femmes parlaient deux fois moins que les hommes à la télé et à la radio, dans une étude parue la même semaine.

Bonne nouvelle : la part des femmes invitées en tant qu’expertes dans les émissions de télévision et de radio continue de progresser, selon le rapport annuel du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), publié ce vendredi. En représentant 37% des experts interrogés, les femmes gagnent deux points par rapport à 2017 et sept par rapport à 2016. «Sur les chaînes du service public, le Conseil relève avec satisfaction que les taux d’expertes ne cessent de progresser sur les chaînes où il y a le plus d’émissions de débats», explique le CSA.

C’est sur les chaînes d’information en continu que la progression du taux de femmes expertes est la plus marquée : +5 points. CNews a fait le plus d’efforts, avec une hausse de 15 points. Le travail de collectifs et associations féministes, qui incitent de longue date les journalistes et programmateurs à penser aussi aux femmes quand ils cherchent à inviter un(e) scientifique, un(e) sociologue, un(e) politologue ou encore un(e) avocat d’affaires, portent donc, doucement mais sûrement, leurs fruits.

Une «contreperformance préoccupante»

Mais à l’exception des expertes, la place des femmes à la télévision et à la radio se dégrade globalement, selon le CSA. D’abord par une présence en légère baisse (-1 point) par rapport à l’an dernier, à cause des radios, qui ont moins invité ou proposé de contenus avec des femmes qu’en 2017 et font baisser la moyenne – la présence des femmes à la télé reste, elle, stable, à 42% du temps d’antenne. Tous médias audiovisuels confondus, les femmes ont occupé l’année dernière seulement 39% de l’espace.

Cette «contreperformance préoccupante», selon les mots du CSA, qui invite «les responsables des médias concernés à une particulière mobilisation en 2019 pour retrouver une dynamique globale de rééquilibrage en faveur de la parité», s’explique par plusieurs facteurs. Premièrement, la part de femmes journalistes et présentatrices a baissé «pour la première fois depuis 2016», alors qu’il s’agissait des catégories dans lesquelles la part des femmes étaient la plus élevée. Deuxièmement, la proportion d’invitées politiques est toujours aussi faible (seuls 27% sont des femmes) et a «baissé de cinq points par rapport à 2016, alors même que les femmes n’ont jamais été aussi bien représentées à l’Assemblée nationale (39%)», pointe le CSA.

Enfin, à la télévision, les femmes restent sous-représentées aux heures de grosse audience, c’est-à-dire sur la tranche 21-23 heures, où elles ne constituent que 29% des intervenants (soit 4 points de moins qu’en 2016) alors qu’elles occupent 42% de l’espace télévisuel en moyenne. Même sur les chaînes d’information en continu, type BFMTV (1), CNews et France 24, où elles sont un peu plus présentes que les hommes (56%), elles perdent du terrain : -3 points par rapport à 2016.

Côté radio, seule une matinale est présentée par une femme, pointe le CSA, lorsque les autres sont soit mixtes soit exclusivement présentées par des hommes. Néanmoins, si les femmes restent sous-représentées à la radio, c’est de moins en moins le cas, en tout état de cause dans la tranche 6-9 heures : la part des femmes dans les matinales radio a augmenté de 4 points par rapport à 2016, atteignant 39% des interventions.

Deux fois moins de temps de parole pour les femmes

Il est notable par ailleurs que les chaînes de radio publiques sont moins en retard que les chaînes privées quant à la parité à l’antenne : les différents canaux de Radio France comptent 43% de femmes présentatrices, contre seulement 38% chez Europe 1, RMC (1) et RTL, même si ces deux derniers ont fait des efforts particuliers pour augmenter la part des femmes présentatrices : +9 points et +3 points. Dans le public, des efforts importants ont été faits, en particulier chez France Info et France Musique, qui ont augmenté de 8 points la part des femmes présentatrices sur leur antenne entre 2017 et 2018. Au Mouv’, l’augmentation est même de 15 points.

Si l’état des lieux n’est pas encore satisfaisant, le sujet de la parité semble être pris au sérieux par les médias audiovisuels. Il était temps : à la télévision comme à la radio, les femmes parlent deux fois moins que les hommes, selon les conclusions d’une étude publiée plus tôt dans la semaine par l’Institut national de l’audiovisuel (INA), qui a mesuré grâce à l’intelligence artificielle le taux de parole des hommes et des femmes à la télévision. Quelque 700 000 heures de programmes diffusés entre 2001 et aujourd’hui ont été analysées.

Il en ressort qu’entre 5 heures et minuit, à la radio, les hommes captent 68,8% du temps de parole (reste 31,2% du temps pour les femmes), et c’est à peu près pareil entre 10 heures et minuit à la télévision : 67,7% du temps de parole revient aux hommes, contre 32,7% pour les femmes. Et aux heures de forte audience, c’est là que les femmes parlent le moins, aussi bien à la radio qu’à la télévision.

(1) BFMTV et RMC appartiennent au même groupe de médias que Libération

Sorgente: Place des femmes dans les médias : essaye encore – Libération

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